jeudi 31 mai 2007

De haut en bas, un plant de tomate coeur de boeuf en fleur, un plant de poivron qui est de la même famille que le pimentier dans un pot un peu trop grand pour lui, trois plants dans un jardinère largement trop étroite, de gauche à droite, un pimentier, une tomate cerise, un coeur de boeuf cohabitent de manière pas trop pacifique.
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Le jardinage en pots

Utilisez du terreau assez aéré, toujours mettre 2 a 3 cm de billes d'argiles pour un bon drainage. C'est la première année que je me lance dans cette aventure que j'ai appelé "de la graine au fruit". Les graines de tomates sont facile à germer. Dès le printemps en fonction de vôtre région vous pouvez faire vos semis.

mercredi 30 mai 2007

Atelier potagères Thèmes Présentation des intervenants et de leurs structures Quel type de semences pour le maraîchage bio ? Compatibilité Hybrides F1 et Bio ? La réglementation Actions concrètes pour la suite Quels choix techniques. Témoignages 􀀩 M. François DELMOND Exemple de Germinance. C’est une entreprise artisanale grainière du même type que Biau’Germ et Essem’bio. Cette initiative a une quinzaine d’années, elle a démarré au début en association avec Laurent Couturier dans le Maine et Loire. Il s’agit d’une structure commerciale car la semence doit être vendue, le cadre choisi est donc l’EURL. Cette entreprise dispose de la carte professionnelles GNIS de distributeur grainier (environ 80 Euros/an), ce qui est différent de producteur de semences (environ 700 Euros/an). Germinance survit dans le domaine du régime de tolérance, normalement elle ne serait pas habilitée à faire des contrats de semences. Je refuse les hybrides par idéologie. Techniquement je ne pourrais pas en faire non plus. Le choix de Germinance s’est tourné vers des plantes autogames (auto fécondes) et des variétés de populations pour des espèces allogames. Germinance commercialise : - Des variétés du domaine public, inscrites depuis plus de 20 ans ; - des variétés standards (différentes des variétés certifiées) ; - des variétés anciennes à usage amateur ; - des variétés non inscrites (ce qui est illégal) ; - des variétés à certification obligatoire (c’est aussi illégal) comme les engrais verts. Il est important de négocier pour faire évoluer la réglementation. Nous proposons des contrats à des producteurs en bio et biodynamie surtout. Il s’agit de contrats verbaux (environ 250 par an). Nous avons une démarche de collaboration avec les agriculteurs multiplicateurs avec qui nous travaillons. Nos clients sont les jardiniers (3/4) et les maraîchers (1/4). Le pourcentage de semences vendues aux maraîchers a plutôt tendance à diminuer. Nous refusons de commercialiser via les jardineries. 􀀩 M. Jean-Pierre LEBRUN ; Maraîcher en Maine et Loire Je produis 100 000 à 400 000 plants par an. Je commercialise un peu moins d’un hectare de fraisiers qui sont vendus aux producteurs de fraises et depuis cette année, une partie est en sous contrats pour des établissements tels que la ferme Sainte Marthe et Marionnet. Cette activité est totalement légale, elle est contrôlée par le GNIS, et soumise au contrôle SOC. Les pieds mères sont issus de la culture in vitro, excepté pour la partie vendue à Sainte Marthe. Je n’ai d’ailleurs pas remarqué de problème sanitaire particulier pour ces plants là. En partant de souches saines cultivées sur un sol correct et équilibré (grâce à l’élevage) il y a très peu de maladies. Le mode de production de l’agriculture bio est bien adapté aux fraisiers. Les producteurs obtiennent une très bonne qualité de plants et de fraises. J’espère pouvoir développer davantage de plants non issus de la culture in vitro. Je produis aussi des plantes fourragères pour mes animaux. Je recherche un équilibre sur mon exploitation et je ne rencontre pas de problèmes sanitaires. La certification officielle atteste de la crédibilité de la production, c’est une garantie sanitaire pour le consommateur. Témoignages de la salle 􀀩 Participant Je suis producteur ardéchois et je constate que dans le catalogue officiel pour maraîcher, il y a de plus en plus d’hybrides. 􀀩 Participant Je ne comprends pas pourquoi les maraîchers professionnels n’auraient pas le droit de faire des variétés anciennes. 􀀩 Réponse de François Delmond Le catalogue des variétés anciennes pour amateurs a été une réponse à la demande de commercialisation des variétés anciennes. Depuis cette année, il y a une clause supplémentaire qui permet de vendre les plants de ces variétés aux jardiniers. Par ailleurs, il n’y a jamais eu de problème concernant la vente de ces graines aux maraîchers professionnels. Il y a eu des mesures d’intimidation de la part de la répression des fraudes, mais à ma connaissance, il n’y a aucun texte l’interdisant. Enfin, nous allons vers une application française de la directive Européenne 98/95 CE, pour les variétés de conservation. Les chosent évoluent donc. 􀀩 Jacques Caplat Les variétés du catalogue actuel ne répondent pas vraiment au besoins d’un certain type de maraîchers bio. 􀀩 Christian Crouzet (Biau’Germ) Les consommateurs sont très demandeurs de variétés anciennes qui sont totalement adaptées au marché de proximité. Il y a un retard réglementaire par rapport aux variétés de conservation, ce qui risque de nuire au développement de l’agriculture bio. C’est pourquoi aujourd’hui, il faut prendre le droit de commercialiser ces variétés. 􀀩 Participants Plus une variété est « rustique » et relativement peu travaillée par la sélection, plus elle vigoureuse. Autre remarque : il existe en Ariège, un réseau d’échange (association) de variétés anciennes. Pour que ces variétés soient connues, elles doivent être vendues par les maraîchers professionnels. Par ailleurs, la diversité ne peut exister que si le consommateur connaît les variétés anciennes. 􀀩 Participant : Mamadou Camara, agriculteur du Mali Dans mon pays il n’y a pas aujourd’hui de réglementation particulière pour les semences. Je pense qu’il faut que les paysans restent maîtres de leurs semences à l’avenir. Je suis intéressé par des échanges et je souhaiterais savoir comment cela pourrait être organisé. Aujourd’hui, les tomates poussent mal dans mon pays, à plus de 43 degrés elles ont des difficultés pour croître. Il faudrait échanger avec d’autres producteurs et essayer de trouver des semences de bases intéressantes adaptées au climat du Mali. 􀀩 Participant Kokopelli a déjà engagé ce type d’expérience en Inde, sur la résistance des tomates à la sécheresse (forte chaleur) et en milieux salés. Il semblerait que des potentiels de résistance existent chez la tomate. 􀀩 François Delmond Toute l’énergie a été mise sur les hybrides, car cela permettait de se mettre à l’abris plus facilement de la concurrence. Il semble évident que tout le travail des variétés fixées reste à faire. Les producteurs se plaignent de manquer de variétés qui seraient sélectionnées en fonction de leurs besoins. Tomate et allogamie 􀀩 Participant Deux variétés de tomates peuvent-elles s’hybrider ? 􀀩 Réponse de Pascal Poot, agriculteur, conservatoire de la tomate à Lodève (34) La tomate est « officiellement » autogame, mais comme toutes les plantes, elle présente un certain taux d’allogamie, cela dépend également des variétés. Lorsqu’on multiplie beaucoup de variétés elles se croisent et dégénèrent (c’est le cas pour la tomate cerise). Il me semble qu’il y aurait des affinités entre certaines variétés. Dans les pays tropicaux, le taux d’allogamie est encore plus élevé, notamment grâce à la présence d’insectes pollinisateurs et au taux d’hygrométrie. Je distingue les fruits auto-fécondés de ceux qui ne le sont pas grâce à la forme des fruits. 􀀩 Jacques Caplat Les croisements entre variétés de tomates sont-ils un problème ? 􀀩 Réponse de Pascal Poot Oui, car au bout d’un moment, on n’obtient plus que des tomates cerises. Compatibilité des hybrides avec l’agriculture bio. Les hybrides conviennent-ils aux maraîchers bio? 􀀩Jean Pierre Lebrun Très peu de semenciers ont investi dans la sélection de variétés fixées, ils ont favorisé les hybrides qui assurent par leur essence même une certaine protection. Tout le travail de sélection pour la bio est à faire. De plus, aujourd’hui, les maraîchers se plaignent de la faible disponibilité de semences bio, mais ce sont eux qui se sont mis sous la dépendance des hybrides. 􀀩 François Delmond En Bourgogne, une enquête a été réalisée sur les pratiques. Elle montre que la proportion d’hybrides est loin d’être négligeable. Je pense cependant que la qualité nutritionnelle et gustative des hybrides est inférieure à celle des populations. Il y a eu un essai de sélection biodynamique en Allemagne sur la carotte Rodélica et les analyses ont mis en évidence que le taux de nitrates dans une carotte hybride est supérieur à celui de la Rodélica (population). Celle-ci est par-contre, plus riche en protéines, sucre, et en taux de matières sèches. 􀀩 Remarque de la salle Le problème n’est pas de s’il faut ou non des hybrides, mais il se situe plutôt au niveau de l’accès et de la disponibilité des variétés de conservation. Il faut revendiquer le droit de commercialiser ces variétés afin de préserver le patrimoine. 􀀩 Véronique Chable, INRA L’INRA a besoin de travailler avec les producteurs et de connaître leurs demandes. 􀀩 Participant Le problème de l’hybride c’est qu’on ne connaît pas les souches. Autre remarque : les hybrides étaient fixés avant, mais maintenant il y a le F1 qui ne permet pas de les reproduire. 􀀩 Question participant Qu’est-ce qu’un Hybride F1 ? 􀀩 François Delmond Il s’agit d’un croisement au moment de la multiplication. Par essence même, il ne s’agit pas d’une variété fixée. La méthode est le croisement de 2 lignées homogènes obtenues chacune par consanguinité. Celle-ci induit une « dégénération des lignées ». Les deux lignées croisées sont toujours très éloignées d’où « l’effet d’hétérosis » (vigueur exceptionnelle du produit du croisement), d’autant plus important que les lignées sont éloignées. Il s’agit d’une démarche très éloignée de la sélection naturelle. Il ne faut pas confondre l’hybride F1 (stratégie de dégénérescence puis hétérosis, non-pérenne) avec le croisement naturel (qui se produit dans les « populations »). Aujourd’hui, aucun semencier artisanal bio ne veut faire d’hybrides, pas seulement à cause des difficultés que cela engendre mais aussi par éthique. Point réglementaire 􀀩 Pascal Naudin, Essem’Bio Je suis moi-même multiplicateur depuis 13 ans. Mon moteur initial est la sauvegarde de la biodiversité. Je travaille en lien avec deux entreprises allemandes. Dans mon système, la partie commerciale est différentiée de la partie sélection. Cette dernière est assurée par un réseau associatif (Kultur-saat) pour éviter toute appropriation. J’ai développé un partenariat avec Gautier, ce qui me permet d’augmenter les productions et de fournir les maraîchers français. 􀀩 Jacques Caplat En ce qui concerne la réglementation Bio, la dérogation permettant d’utiliser des semences non traitées en cas de non-disponibilité en semences bio prend fin le premier janvier 2004. La profession bio est d’accord avec la nécessité d’imposer les semences produites en bio, mais elle demande que des dispositifs dérogatoires soient maintenus. En effet, les disponibilités de semences bio sont insuffisantes, particulièrement en semences potagères bio. Depuis un an, il existe un collectif national regroupant la FNAB, la Confédération paysanne, Nature et Progrès, le CNDSF et SABD. Celui-ci a demandé une gestion de la liste des disponibilités par variétés. C’est globalement acquis, mais rien n’est encore décidé. Les dérogations devraient normalement être beaucoup plus cadrées, mais il faut encore rester vigilant et les bio doivent rester impliqués. En ce qui concerne la réglementation des semences, tout échange ou commercialisation de semences s’inscrit dans deux cadres possibles : - Ou bien le producteur veut vendre le produit de sa culture et dans ce cas les semences doivent impérativement être inscrites au catalogue officiel et achetées à un obtenteur agréé (ou multipliées sur la ferme elle-même) ; - ou bien le producteur cultive pour sa propre consommation (jardinier) et dans ce cas, il peut utiliser des semences du catalogue « jardiniers amateurs », mais il n’est pas censé pouvoir vendre le produit de sa culture. La solution proposée est de créer un catalogue selon la directive 98/95/CE avec des critères d’inscription spécifiques pour les variétés de conservation « in situ » (dans les fermes), les mélanges et les variétés bio. Cette directive européenne n’est pas encore applicable en France, faute de critères. Ceux-ci sont actuellement en définition (sécurisation sanitaire), le collectif national précité y participe activement. 􀀩 Participant Pourquoi ne pas organiser tout simplement deux filières : une certifiée et une qui ne le serait pas ? Il serait illusoire de vouloir inscrire toute la biodiversité dans un catalogue ! 􀀩 François Delmond L’inscription dans un catalogue permet de garantir au consommateur une pureté spécifique, un taux de germination et une pureté variétale (quoi que discutable, car en dessous d’une certaine homogénéisation on ne peut plus identifier la variété). Par ailleurs, la législation sur le catalogue des variétés anciennes pour usage amateur a déjà permis d’assouplir les règles. Il faudrait arriver à trouver une méthode d’identification variétale simplifiée valable. 􀀩 Participants Une marque commerciale peut-être une garantie. Si on veut garder la biodiversité, il n’est pas possible de tout inscrire. Autre proposition : Il faut peut-être adopter une pratique de traçabilité totale ? 􀀩 Jacques Caplat Il faut peut-être redéfinir les critères d’inscription et demander la gratuité d’inscription. Reste la question centrale : comment décrit-on une variété ? La diversité en potagères est telle, qu’effectivement il sera difficile de tout inscrire. Le but de la directive européenne c’est de protéger la biodiversité en la rendant commercialisable. Il faut échanger les critères variétaux contre les critères commerciaux. 􀀩 Jean Pierre Lebrun La directe 98/95 ouvre une porte, c’est un élément important pour les potagères. 􀀩 Participant Pourquoi les services publics ne prennent-ils pas ça en charge ? Que fait-on pour s’organiser, comment envisager la suite ? 􀀩 Pascal Naudin Il y a eu une rupture dans la sélection des variétés fixées, au profit des hybrides. Cette sélection redémarre dans les entreprises artisanales (Essem’bio, Germinance…). Il faut continuer à sélectionner et à faire connaître les variétés. 􀀩 Participant Tous les maraîchers ne veulent pas des variétés anciennes ! Autre remarque : il faut que la dérogation pour les amateurs soit aussi applicable pour les bio. 􀀩 François Delmond Le but de la directive 98/95 c’est de protéger la biodiversité en la rendant commercialisable. 􀀩 Jacques Caplat La solution globale pour faire vivre la biodiversité, passe par la mise en place d’un réseau, afin notamment d’éviter la surproduction. 􀀩 Jean Pierre Lebrun La planification des productions « artisanales » est importante, il ne faut pas surproduire. En 2001, il y a eu un surplus de plants de fraisiers. Le développement de l’autoproduction doit être organisé. 􀀩 Participant La directive 98/95 ouvre des portes à la production mais elle n’est pas traduite en droit français. Autre remarque : on peut privilégier la biodiversité au niveau de la production, mais c’est surtout le consommateur qui a un rôle important à jouer, il est donc nécessaire de mener des actions d’éducation et de sensibilisation!
Source : semencespaysannes.org

La Biodiversité dans les fermes : les enjeux mondiaux

Srinivas VATTURI Deccan Development Society*, Inde La Société de Développement du Deccan, travaille depuis deux décennies avec les communautés locales, en particulier avec des collectifs de femmes (sangsues) dans quelque 75 villages situés à 100 km d'Hyderbad, la capitale de l'Etat de l'Andhra Pradesh au Sud de l'Inde. Les 5000 femmes formant les collectifs appartiennent aux classes les plus pauvres dans leurs villages. La plupart d'entre elles sont des Dalits, le groupe qui se trouve au bas de la hiérarchie sociale indienne. La vision qui anime la DDS est la consolidation de ces sangsues afin qu'ils deviennent des organes dynamiques de décision locale. Les programmes conduits par la DDS, qui visaient au départ à pourvoir aux besoins de subsistance les plus élémentaires des paysannes des sangsues, se sont orientés, au fil des années, vers la prise de participation et de contrôle par les paysannes dans les systèmes locaux de sécurité, de gestion des ressources naturelles, d'éducation et de santé. En accédant à la prise de décision dans ces domaines d'existence variés dans leurs communautés, les femmes les plus pauvres remettent en cause l'ordre qui niait leur participation à la gestion des ressources. Au coeur des initiatives prises par les sangsues résident les questions fondamentales de l'accès et du contrôle, qui conduisent à la problématique de l'autonomie des communautés locales. Dans le contexte actuel de mondialisation, c'est en s'aménageant des sphères d'autonomie que les communautés peuvent parvenir à se protéger des effets de la libéralisation économique. Les sangsues de la DDS ont cherché à développer leur autonomie en termes de gestion des ressources naturelles, d'accès au marché et aux médias, à partir de leur capacité autonome de production alimentaire et semencière, élément clé pour toute société agraire. Autonomie des communautés en grain et en semences L'agriculture sèche traditionnelle du Plateau du Deccan repose sur une diversité importante de cultures : Céréales des régions arides (sorgho et mils), légumineuses et oléagineux. Cette agriculture est adaptée Aux conditions agro climatiques locales et met en oeuvre des savoirs paysans très élaborés sur les sols, le bétail, les cultures et les prédateurs. L'arrivée du Système de Distribution Publique, un programme national procurant riz et blé aux Populations les plus pauvres déstabilisa l'équilibre vivrier du Plateau du Deccan à deux niveaux : la Consommation accrue du riz se substitua à celle du sorgho, plus nutritif, et la culture des terres arides où Ne poussent que les céréales locales diminuent de manière inquiétante. Le système de distribution alternatif de la DDS se développa avec deux objectifs majeurs : remettre en Culture ces terres dégradées grâce à la diffusion de semences de céréales locales, et pourvoir ainsi à la Souveraineté alimentaire des foyers les plus pauvres. Plus de 3000 paysannes participant au programme Ont ainsi contribué à la réhabilitation de 1400 hectares de terre arides ou laissées en friche depuis des Années. La production supplémentaire de sorgho a permis des créer des greniers à grain communautaires Qui répondent, dans 50 villages, aux besoins alimentaires des plus pauvres durant les périodes de pénurie. Parallèlement, des banques de semences communautaires ont été établies pour renforcer les Pratiques traditionnelles d'autoproduction de semences. En effet, la sélection, le tri et la préservation des Semences paysannes sont, traditionnellement, la responsabilité des femmes. Certaines paysannes comme Hanumamma ont coutume de mettre de côté plus de semences qu'il n'en faut pour cultiver leurs propres terres : elles sont ainsi en position de prêter des petites quantités de semences, qui leur sera rendue après les récoltes selon un taux de 2 pour 1. Les banques de semences des sangsues sont, elles aussi, entièrement gérées par les paysannes, qui maintiennent et diffusent quelques 80 variétés locales. Ces banques sont une source d'approvisionnement sûre pour les petits paysans. Le retour de ces variétés dans les champs renforce le contrôle des communautés sur les variétés cultivées locales, qui tombaient en désuétude sous l'influence des pratiques agricoles modernes. Les autres programmes de la Société pour le Développement du Deccan Les paysannes des sangsues se sont investies dans la régénération des ressources naturelles dans trois domaines distincts. La reforestation fut l'une des premières : la plantation d'arbres sur 400 hectares de terres communales dégradées procure aujourd'hui un accès pour les paysans à des petites forêts à proximité de leur village. Dans 30 villages, des jardins des plantes médicinales ont été mis en place par les femmes des sangsues. Il y pousse plus de 60 espèces végétales utilisées dans les systèmes de santé locaux. Enfin, des programmes d'utilisation et de conservation des eaux de pluies ont vu le jour dans 8 villages : des mini structures de terre et de pierre permettent une meilleure conservation de l'eau et du sol sur les terres les plus exposées à l'érosion et au ruissellement des eaux de pluie. Dans le contexte de la mondialisation où le marché et les médias contrôlent les perceptions publiques sur l'agriculture et l'alimentation, le développement de marchés alternatifs apparaît essentiel. C'est dans cette optique que les sangsues de DDS ont commencé à instaurer leurs propres marchés en 1999, regroupant aujourd'hui 2000 membres. Les agricultrices des sangsues y vendent leurs productions agricoles et y achètent la plupart des produits dont elles ont besoin. Parallèlement, la formation à Zaheerabad (la principale agglomération locale) d'un groupe d'action de consommateurs, la production d'un film sur la cuisine du Deccan et un livre de recettes à base des mils locaux ont permis d'élargir le cercle des consommateurs urbains potentiels de mils et d'autres céréales locales. Les paysannes ont aussi trouvé un moyen d'expression au travers de la vidéo. Le fond médiatique communautaire permet à un petit groupe de femmes de produire des films sur les questions qui les préoccupent relatives à l'agriculture, aux politiques publiques, aux dynamiques sociales locales et aux moyens d'existence des habitants la société rurale dont elles font partie. La DDS s'implique par ailleurs dans l'éducation, au travers de trois initiatives majeures : les balwadis, des écoles maternelles villageoises, la Pacha Saale, une école unique intégrant l'éducation scolaire et l'apprentissage de savoir-faire utiles (la charpenterie, la poterie, la couture, l'agriculture biologique...), et des cours du soir pour les enfants et les adolescents qui travaillent. Régulièrement, les villageoises des sangsues se mobilisent autour de questions qui les touchent directement. Des campagnes de sensibilisation, des ateliers et des manifestations ont été organisés sur la question des OGM, des politiques agricoles, des problèmes sociaux. La DDS travaille en réseau avec d'autres associations du pays et du monde. Elle a collaboré à la réalisation de plusieurs études sur la viabilité économique des systèmes fondés sur l'agro-diversité, sur les pratiques locales de maintien de la fertilité des sols et sur les plantes sauvages utiles. Le festival mobile de la biodiversité organisé annuellement illustre la capacité des communautés locales à célébrer, à leur manière, la diversité dont elles sont les dépositaires. * Deccan Development Society, 101, Kishan Residency, Street N°5 Begumpet, Hyderabad 500 016 Andhra Pradesh, Inde Tél.: + 91-40-776-4577 ou + 91-40-776-4744 Fax: +91-40-776-4722 Email : ddsppvr1@hd2.dot.net.in

Pourquoi des semences paysannes ?

La qualité et la productivité des plantes cultivées dépendent avant tout de leur adaptation au milieu environnant dans lequel elles vivent. La transformation et la distribution industrielles ont besoin de disposer de grandes quantités de matières premières homogènes. Pour cela, elles imposent aux paysans, pour chaque espèce, un choix très limité de variétés qu’ils devront cultiver en toutes circonstances et quelle que soit l’immense diversité des terroirs. L'agriculture industrielle est ainsi obligée d'artificialiser les milieux environnants à coup d'engrais et de pesticides pour les adapter à ces quelques variétés. Elle a recours aux semences ou plants industriels qui ont été sélectionnés pour leurs capacités à utiliser au mieux toute cette chimie de synthèse (au point de ne plus pouvoir s’en passer) et pour répondre aux demandes de la transformation et de la distribution industrielles. Aujourd'hui, les engrais et les pesticides atteignent leurs limites techniques (appauvrissement des sols, apparition de plus en plus rapide de résistances à leur action, pollution...) mais aussi d'acceptabilité sociale. Le recours aux OGM n'est qu'une fuite en avant qui se heurtera encore plus vite aux mêmes impasses.
Les agricultures biologiques et paysannes n'ont que leurs pratiques culturales pour adapter les plantes aux conditions environnementales de chaque lieu. C'est pourquoi elles ont besoin de petites quantités d’une multitude de variétés, chacune sélectionnée dans et pour son terroir ainsi que pour répondre à la demande de diversité des consommateurs. Pour prévenir les maladies sans avoir recours aux pesticides, ces agricultures doivent aussi entretenir un maximum de diversité dans leurs champs, les interactions entre plantes différentes étant facteur de santé au contraire de l'uniformité des monocultures qui affaiblit la résistance des plantes. L'industrie semencière, économie d'échelle oblige, ne tire sa rentabilité que de la production de quantités les plus importantes possibles d'un minimum de variétés. Au-delà de quelques variétés passepartout, elle ne peut structurellement pas garantir l'offre de diversité permanente dont ont besoin les agricultures post-industrielles, biologiques et paysannes. Quant au consommateur de nourriture industrielle, il doit remplacer son besoin d’une alimentation diversifiée par l’illusion de “nouveaux” produits qui ne sont qu’un réassemblage des anciennes étiquettes qu’ils viennent régulièrement remplacer pour répondre aux besoins du “marketing”. C'est pourquoi, un certain nombre de paysans, bio pour la plupart, ont décidé de continuer, comme leurs ancêtres préindustriels, à produire eux-mêmes leurs semences ou plants de ferme afin de les adapter en permanence à leurs terroirs, à leurs pratiques culturales et à leurs besoins de qualité. Souvent à partir de variétés anciennes et/ou locales, mais en sachant aussi profiter de l'apport de la diversité de variétés exotiques, ils pratiquent des sélections massales ou de populations, conservatrices, amélioratrices ou évolutives. Au contraire des hybrides et autres clones, leurs semences et plants sont peu stables et peu homogènes de manière à conserver, à côté de quelques caractères fixés, un maximum de variabilité qui leur permet de s'adapter en permanence à des conditions naturelles obligatoirement changeantes.
Certains d'entre eux sélectionnent des mélanges de variétés ou d'espèces afin de développer les capacités de chaque plante à profiter au mieux des interactions bénéfiques avec ses compagnes.
Pour des raisons financières et techniques évidentes, ces paysans ne peuvent pas inscrire leurs semences sur le catalogue : la loi leur interdit donc de les vendre ou de les échanger. Quant aux mélanges, catalogue ou pas, ils sont de toutes façon interdits de commercialisation.
source : La Confédération paysanne Nature&Progrès La Fédération Nationale d’Agriculture Biologique des Régions de France Le Mouvement de Culture Bio-Dynamique Bio d’Aquitaine Le GDAB Midi-Pyrénées Le Syndicat des Semences et Plants bios du Languedoc-Roussillon.

mardi 29 mai 2007

Mes tomates

le temps qui s'est abbatue sur la France cette semaine, avec des vents d'ouest allant jusqu'à 50km/h !! Je suis situé au 6eme étage et orienté pleins ouest !! j'ai dut rentrer mes tomates en pots à l'intérieur.

la protéine TAS 14

Musique et plantes (suite)
Mes plantes écoutent de la musique classique,
des chants d'oiseaux et ambiance de la forêt
Durant l'été 1994, qui fut particulièrement chaud, les effets de la musique de la protéine TAS 14, une protéine de résistance de la tomate à la secheresse, isolée en 1990 par trois chercheurs espagnols - J.A. Pintor-Toro, J.A. Godoy et J.M. Pardo (Plant Mol. Biol. vol. 15, page 695) -, furent testés dans une serre en Suisse, avec la participation de Jean Marcel Huber, un industriel, et Castor Egloff, un horticulteur, par une température de 35 à 39 degrés. Trois minutes par jour, du 26 juillet au 11 août 1994, une partie des tomates de la serre a reçu cette musique en plus d'une ration d'eau d'un litre et demi. Le résultat fut spectaculaire. Les feuilles des restaient vertes alors que celles qui n'avaient reçu que de l'eau séchaient. Enthousiasmés et intrigués, Mansour et Ousmane Gueye - un industriel sénégalais et son frère technicien agricole, ont entrepris une expérience similaire en Afrique. Le 18 juillet 1996, des plants de tomates ont été repiqués dans un jardin séparé en deux. Une partie du jardin a été arrosée deux fois par jour, tandis que l'autre ne l'était qu'une fois par jour, mais recevait la musique de la TAS 14 trois minutes par jour, par un radiocassette ordinaire placé au pied des plants. Sur le jardin témoin, les plants ont atteint une hauteur moyenne d'un mètre, sauf pour quelques-uns situés à l'ombre qui ont grandi du double mais n'ont pratiquement pas donné de fruits. Les tomates, petites, peu nombreuses, ont été attaquées par des insectes. Sur le jardin musical, les plants font en moyenne un mètre soixante-dix, les tomates sont beaucoup plus grosses et parfois éclatées car gorgées d'eau. Quant au rendement d'un pied, il est environ multiplié par vingt! De plus, la chair des tomates est ferme et elles n'ont pas subi l'agression d'insectes. Les plants, paraissant mieux retenir l'eau, sont visiblement plus vigoureux! Si au début les ouvriers de l'exploitation agricole où a eu lieu l'expérience montraient leur scepticisme, voire leur franche hilarité, les étonnants résultats ont fini par les convaincre, au point qu'ils ont déclaré à la fin: On y a toujours cru! Des expériences d'avenirMême si des puristes trouvent à redire sur cette expérience, en raison notamment d'un protocole réduit, les résultats sont assez impressionnants et le but recherché atteint: offrir des alternatives douces à l'utilisation de traitements chimiques des cultures et aux plantes transgéniques, technologie de toutes façons trop onéreuse pour les pays du tiers monde et qui entraînerait une dépendance supplémentaire. D'autres expériences doivent être réalisées sur une plus grande échelle en diffusant la TAS 14, mais aussi d'autres "musiques moléculaires" pouvant notamment influer sur le goût des tomates ou sur leur conservation. Les recherches de Joël Sternheimer offrent des voies de réponse à beaucoup de maux de notre époque. Nous avons réalisé avec Pedro une expérience à Paris où l'air est très pollué, raconte Joël Sternheimer. Nous avons placé des algues microscopiques dans un petit bac avec de l'eau.Pendant dix jours, dix minutes par jour, nous leur avons passé une musique stimulant plusieurs protéines de photosynthèse, le processus par lequel les algues fixent le CO2 de l'air, puis gardent le carbone pour se développer et rejettent de l'oxygène. En quelques jours, nous avons vu des bulles d'oxygène. Il y a eu un dégagement d'oxygène seize fois supérieur chez les algues qui avaient reçu la musique par rapport aux algues témoins. Cela ouvre des perspectives pour lutter contre la pollution de l'air en stimulant la photosynthèse des plantes qui poussent dans les villes. Les travaux et découvertes révolutionnaires de Joël Sternheimer offrent un champ d'application énorme, notamment dans les pays en voie de développement. Elles permettraient notamment, tout en respectant l'objet d'étude, d'accroître les potentiels de certaines cultures sans pour cela jouer aux apprentis sorciers en modifiant génétiquement les plantes. Une démarche éthique et respecteuse de la nature qui mérite d'être chaudement encouragée. À lire- Procédé de régulation épigénétique de la biosynthèse des protéines par résonance d'échelle, Joël Sternheimer, Brevet français n° 92-06765 de 1992.- Procédé de régulation épigénétique de la synthèse protéique: essai en panification, Pedro Ferrandiz, article de la revue Industries des céréales, n° 85, nov-déc 1993.- De la musique et des plantes, Pedro Ferrandiz, article de la revue La garance voyageuse, n° 37, Printemps 97. Rens.: 04 66 45 94 10.- Les langages secrets de la nature, Jean-Marie Pelt, éd. Fayard.- Planète transgénique, Jean-Claude Perez, éd. L'Espace bleu, avril 97.Cet article a été écrit à partir des deux articles d'Eric Bony dans "Science Frontières" et des déclarations de Joël Sternheimer au Festival Science Frontières 1997.

La musique et les plantes

La musique et les plantes
En juin 1992, Joël Sternheimer, professeur à l'Université européenne de la recherche, a déposé le brevet du , une théorie révolutionnaire qui permettrait d'expliquer, entre autres, l'influence de la musique sur des organismes vivants. Le physicien Joël Sternheimer estime que la science moderne violente la nature quand, pour tenter de la comprendre, elle la casse en morceaux. Abordant le monde d'une façon à la fois plus synthétique et plus esthétique, le savant, qui est aussi un artiste, a découvert des lois révolutionnaires au cæur de la matière et de la vie. Des lois de résonnance harmonique, qui prouvent - scientifiquement - que la musique peut influencer l'épanouissement des êtres vivants. Jean-Marie Pelt, qui le connaît bien, témoigne en sa faveur: enfin une explication satisfaisante de la relation entre la musique et les plantes. Certaines musiques peuvent-elles avoir une action sur des organismes vivants à une échelle moléculaire?... Question de biologie à laquelle répond un physicien qui place les questions d'éthique au-dessus de tout, et dont les travaux ont débouché sur une formidable découverte: une mélodie spécifique peut stimuler ou inhiber la synthèse d'une protéine au sein d'un organisme! Jean-Marie Pelt, président de l'Institut européen d'écologie, ne dit-il pas que par ces recherches originales à la charnière de la biologie moléculaire et de la physique quantique, Joël Sternheimer, nous donne peut-être la clef ou l'une des clefs, des effets de la musique sur les plantes. Et il ajoute: En cette fin de siècle, les scientifiques apparaissent de plus en plus comme des apprentis sorciers en mal d'inspiration. La manipulation du génome est-elle vraiment la solution de tous les maux ? En médecine, alors que des dizaines de millions de francs lui ont été consacrés, la thérapie génique balbutie et son efficacité tant attendue a des relents d'arlésienne. En agriculture, les plantes transgénique ont fait leur apparition sur le marché mondial et offrent la possibilité, en jouant avec le génome, d'accroître certaines caractéristiques ou d'en créer d'autres, comme une résistance à certaines pesticides. Quel expert à l'heure actuelle est capable de prédire les conséquences de l'introduction de ces plantes dans nos écosystèmes? Qui sait si les aliments qui en sont issus ne risquent pas d'avoir à long terme, de fâcheuses répercussions sur notre santé? La démarche scientifique ne devrait-elle pas être sous-tendue par une réflexion éthique? Pour un chercheur indépendant comme Joël Sternheimer, cela va de soi puisque, toute sa vie, ses travaux ont été dictés par un souci de respect de son objet d'étude, qu'il s'agisse de particules ou de cellules. Son parcours l'a conduit vers des découvertes extraordinaires qui pourraient bien révolutionner notre vision du monde dans des domaines aussi variés que la médecine, l'agriculture, l'environnement. Il y a une trentaine d'années, Joël Sternheimer, physicien de formation, élève du prix Nobel de physique de 1929 Louis de Broglie, poursuivait ses recherches sur la physique des particules aux États-Unis, où l'avait envoyé son professeur. .Car, pour lui, la science actuelle a tendance à ne pas respecter ce qu'elle étudie et à ne pas examiner le monde dans sa globalité. Pour étudier la matière, on la casse, on sépare ses éléments. Pour le vivant, même chose: on dissèque, on isole des cellules, des molécules, on les observe séparément, hors de leur contexte. Par cette approche, on détruit les liens à peine perceptibles, les connexions invisibles qui régiraient la matière au cæur du vivant.Pour Joël Sternheimer, point n'est besoin de démolir l'objet de l'étude; il existe des biais beaucoup plus subtils qui permettent de percevoir ce qu'il y a à l'intérieur des choses! Cette démarche va évidemment complètement à l'encontre des recherches actuelles dans les domaines de la génétique ou de la physique. Mais revenons à la fin des années soixante. . Un autre de ses professeurs lui conseilla très sérieusement de gagner de l'argent en enregistrant un disque, pour être indépendant et pouvoir mener sa recherche comme il le souhaitait. L'étonnant savant suivit le conseil de son aîné.En 1967, il eut un retentissant succès musical sous le nom de l'auteur-interprète Évariste. Cette gloire éphémère lui permit de rester indépendant tout en poursuivant ses recherches sur la physique des particules. Il ne s'attendait certainement pas à retrouver la musique... au fond des atomes.Pourtant, en travaillant sur le problème de la distribution des masses des particules, il découvrit qu'elles étaient réparties suivant une gamme musicale, la gamme tempérée essentiellement, ce qui indique que dans les fréquences associées à ces particules il existe des harmoniques. , remarque-t-il avec philosophie. Se plongeant dans un long travail théorique en physique quantique, Joël Sternheimer prédit et mit indirectement en évidence l'existence de ce qu'il appelle des ondes d'échelle, qui seraient émises par des particules et notamment, dans les cellules vivantes, par les acides aminés, à des fréquences inaudibles. La présence de ces ondes, dont il calcule les fréquences, expliquerait certaines interactions et comportements des molécules entre elles.Concert de protéinesSuivant les théories et les calculs de Joël Sternheimer, considérons que les vingt acides aminés, véritables piliers de l'organisation métabolique, émettent chacun une onde dont on peut calculer la fréquence. Ces ondes sont émises au moment où ces acides aminés, transportés par les ARN de transfert, s'assemblent pour former des protéines. Les signaux seraient des ondes de nature quantique applées , c'est-à-dire qu'elles relient entre elles des échelles différentes - ici l'échelle de chaque acide aminé à l'échelle de la protéine en formation. On peut rendre ces fréquences audibles en les transposant, par exemple, en notes de musique. Nous obtenons donc pour une protéine, qui est une suite d'acides aminés, une succession de notes. En fonction de la complexité de la composition des protéines, qui peuvent regrouper une dizaine d'acides aminés ou des centaines, nous obtenons une véritable mélodie, une partition variant donc d'une dizaine à plusieurs centaines de notes.De très nombreuses séquences d'acides aminés sont connues et disponibles sur différentes banques de données comme celle de la National Biomedical Research Foundation aux États-Unis. , précise Joël Sternheimer. Selon les résultats de ses expériences, la diffusion de la mélodie spécifique d'une protéine ainsi amplifiée, peut stimuler sa synthèse dans un organisme. Bien que sa démarche ne vise pas à vérifier une influence de la musique sur les plantes, mais plutôt à montrer que sa découverte a une action spécifique sur les molécules, le savant a fait quelques expériences sur le monde végétal. Une manière éthique, respectueuse de l'intégrité de son objet d'étude et de vérifier ses découvertes de physique quantique.Ainsi, faire régulièrement écouter à un plant de tomates la musique correspondant à une protéine jouant un rôle dans le mécanisme de sa floraison, stimule la production de cette protéine dans la plante, qui donnera plus de fleurs qu'à l'accoutumée! Il suffirait donc de les ondes d'échelle émises par les acides aminés d'une protéine et à les transposer en notes pour agir sur un organisme en augmentant la production de la protéine. Se faisant l'écho des travaux de Joël Sternheimer, Jean-Marie Pelt explique le processus: "Lorsque les plantes "écoutent" la mélodie appropriée, les ondes acoustiques sont transformées "microphoniquement" en ondes électromagnétiques elles-mêmes sources "d'ondes d'échelle", et elles se mettent à produire la protéine spécifique à cette mélodie". Mais Joël Sternheimer va plus loin. Si l'on connaît la succession de notes correspondant à une protéine, on peut la stimuler; mais on peut aussi l'inhiber, c'est-à-dire freiner sa fabrication. Il suffit pour cela d'avoir la mélodie "symétriquement opposée". Très schématiquement, si la mélodie qui stimule est dans les "graves", celle qui inhibera sera dans les "aiguës". Chaque acide aminé possédant son équivalent en note stimulante et en note inhibitrice, on disposera de deux décodages, deux mélodies pour chaque protéine. Le facteur humain Si cette transposition de la séquence d'acides aminés en notes se calcule, restent deux éléments importants qui peuvent également se calculer avec une certaine approximation, mais pour lesquels la sensibilité humaine s'avère finalement plus précise. Car, comme en musique, il ne suffit pas d'avoir une suite de notes, encore fait-il connaître le rythme et la valeur de chaqune d'elle... Les notes issues des protéines sont-elles des blanches, des noires ou des croches? "Il est vrai qu'à partir de la protéine, on a une suite de notes qui n'ont pas de rythme a priori, précise Pedro Ferrandiz, ingénieur agronome qui travaille avec Joël Sternheimer, mais en faisant défiler ces notes, on arrive à repérer des cadences, des schémas rythmiques. On trouve des temps forts dans les morceaux". Cela peut paraître de prime abord subjectif mais, pour Joël Sternheimer, ce décodage s'affine en introduisant le facteur humain, le savoir-faire du musicien et sa sensabilité. "Cela dit, précise Pedro Ferrandiz, le simple défilement des notes a déjà une action sur la synthèse d'une protéine, mais c'est d'autant mieux si l'on trouve la bonne cadence!" Six cent gènes décodés Eh oui, la pluridisciplinarité nécessaire en science peut s'étendre avec les aspects les plus étonnants comme les connaissances en musique! "Jusqu'ici, j'ai décodé peut-être six cent gènes... C'est beaucoup, dix ans de travail, mais ce n'est que 0,6% du génome humain! L'expérience montre que lorsqu'une personne pianote avec le logiciel approprié sur son ordinateur la musique d'une molécule, elle est parfaitement capable de reconnaître si cette molécule peut, par exemple lui servir de médicament". En fait, cette notion qui peut paraître subjective annonce une véritable démocratisation de la médecine de demain. Musiques et traditions Le patient serait capable, lui-même, de ressentir si la musique spécifique d'une protéine ou d'une molécule est nécessaire pour le soigner ou non. "C'est la conscience qui est impliquée lorsqu'on écoute une molécule, explique Joël Sternheimer. Il y a une action directe sur le corps mais que l'on peut apprécier grâce à notre cerveau et notre système nerveux. Un circuit s'établit: on peut se rendre compte consciemment de ce qui se passe". Le second élément pour que l'on puisse jouer une mélodie, c'est le timbre, la sonorité. En d'autres termes, quel instrument va-t-on utiliser ? " En fonction de la fréquence de chaque note à l'intérieur d'une protéine, un timbre va s'imposer... On essaye de trouver celui qui semble le mieux convenir", répond Pedro Ferrandiz. Là encore, nos scientifiques se servent de leur intuition, montrant qu'un homme de science est avant tout un homme et non une simple machine à calculer! Une fois ces éléments déterminés, on peut procéder aux expériences, par exemple avec des plantes. Il s'agit tout simplement de diffuser à l'aide de hauts parleurs une musique correspondant à une protéine pour stimuler ou inhiber sa synthèse dans la plante. Les temps d'exposition à la musique et les fréquences sont variables. Le son se diffuse notamment par les feuilles à l'intérieur du milieu cellulaire et "agit" sur la protéine concernée. Cette découverte apporte un éclairage scientifique aux rapports entre la musique et le vivant, depuis longtemps découverts mais de façon empirique et sans explication logique jusqu'aux travaux de Sternheimer. Entre le vieil adage qui prône que la musique adoucit les mæurs et l'idée que les plantes sont très réceptives à la musique, l'influence de celle-ci sur les organismes vivants est passée au rang des idées reçues, généralement admises par le bon sens populaire. C'est ainsi que certains agriculteurs des îles du Pacifique, comme le signalait l'ethnologue Malinowski en 1930, imitaient le chant des oiseaux pour améliorer le rendement des cultures... On suppose également que les chants agraires entonnés dans nos campagnes étaient composés avec l'espoir d'influencer la production céréalière. Mieux encore, l'anthropologue Jeremy Narby nous confiait qu'il avait vu des Indiens d'Amazonie péruvienne soigner une morsure de serpent en chantant sur la plaie pendant des heures. S'agissait-il de la musique d'une molécule spécifique? Les tomates musicales Les aborigènes d'Australie auraient également un grand savoir en la matière. L'influence de la musique sur les plantes commence maintenant à être reconnue par la communauté scientifique, qui prolonge petit à petit la tradition. Dans "Les langages secrets de la nature", Jean-Marie Pelt consacre un chapitre aux rapports entre la musique et les plantes et affirme, après avoir effectué des expériences, que les plantes sont effectivement sensibles à certaines mélodies.Si ces histoires laissent rêveurs certains scientifiques, les industriels, eux, n'hésitent pas à les mettre en pratique. C'est ainsi qu'au Japon, la société Gomei-kaisha Takada a déposé un brevet en 1991 sur l'utilisation de certaines musiques censées améliorer la fermentation des levures employées pour la fabrication de sauce-soja et de la célèbre pâte miso. Depuis cinq ans, Joël Sternheimer et Pedro Ferrandiz poursuivent leurs essais d'application de ce procédé dans différents domaines. Au fur et à mesure de leurs expériences, ils ont pu affiner le choix des protéines à utiliser et les temps d'exposition aux musiques de ces protéines. Ils ont suivi l'évolution de cultures de tomates en leur diffusant, en temps voulu, les mélodies des protéines nécessaires à leur bon développement. Pour la croissance des plantules, ils ont diffusé des musiques de protéines de structure, qui fortifient les tiges. Une autre musique a permis de favoriser la floraison, etc. , Pedro Ferrandiz, article de la revue La garance voyageuse, n° 37, Printemps 97. Rens.: 04 66 45 94 10.- Les langages secrets de la nature, Jean-Marie Pelt, éd. Fayard.- Planète transgénique, Jean-Claude Perez, éd. L'Espace bleu, avril 97. Cet article a été écrit à partir des deux articles d'Eric Bony dans "Science Frontières" et des déclarations de Joël Sternheimer au Festival Science Frontières 1997.