Musique et plantes (suite)
des chants d'oiseaux et ambiance de la forêt
Durant l'été 1994, qui fut particulièrement chaud, les effets de la musique de la protéine TAS 14, une protéine de résistance de la tomate à la secheresse, isolée en 1990 par trois chercheurs espagnols - J.A. Pintor-Toro, J.A. Godoy et J.M. Pardo (Plant Mol. Biol. vol. 15, page 695) -, furent testés dans une serre en Suisse, avec la participation de Jean Marcel Huber, un industriel, et Castor Egloff, un horticulteur, par une température de 35 à 39 degrés.
Trois minutes par jour, du 26 juillet au 11 août 1994, une partie des tomates de la serre a reçu cette musique en plus d'une ration d'eau d'un litre et demi. Le résultat fut spectaculaire. Les feuilles des restaient vertes alors que celles qui n'avaient reçu que de l'eau séchaient. Enthousiasmés et intrigués, Mansour et Ousmane Gueye - un industriel sénégalais et son frère technicien agricole, ont entrepris une expérience similaire en Afrique.
Le 18 juillet 1996, des plants de tomates ont été repiqués dans un jardin séparé en deux.
Une partie du jardin a été arrosée deux fois par jour,
tandis que l'autre ne l'était qu'une fois par jour, mais recevait la musique de la TAS 14 trois minutes par jour, par un radiocassette ordinaire placé au pied des plants.
Sur le jardin témoin, les plants ont atteint une hauteur moyenne d'un mètre, sauf pour quelques-uns situés à l'ombre qui ont grandi du double mais n'ont pratiquement pas donné de fruits.
Les tomates, petites, peu nombreuses, ont été attaquées par des insectes. Sur le jardin musical, les plants font en moyenne un mètre soixante-dix, les tomates sont beaucoup plus grosses et parfois éclatées car gorgées d'eau.
Quant au rendement d'un pied, il est environ multiplié par vingt!
De plus, la chair des tomates est ferme et elles n'ont pas subi l'agression d'insectes. Les plants, paraissant mieux retenir l'eau, sont visiblement plus vigoureux!
Si au début les ouvriers de l'exploitation agricole où a eu lieu l'expérience montraient leur scepticisme, voire leur franche hilarité, les étonnants résultats ont fini par les convaincre, au point qu'ils ont déclaré à la fin: On y a toujours cru!
Des expériences d'avenirMême si des puristes trouvent à redire sur cette expérience, en raison notamment d'un protocole réduit, les résultats sont assez impressionnants et le but recherché atteint: offrir des alternatives douces à l'utilisation de traitements chimiques des cultures et aux plantes transgéniques, technologie de toutes façons trop onéreuse pour les pays du tiers monde et qui entraînerait une dépendance supplémentaire.
D'autres expériences doivent être réalisées sur une plus grande échelle en diffusant la TAS 14, mais aussi d'autres "musiques moléculaires" pouvant notamment influer sur le goût des tomates ou sur leur conservation. Les recherches de Joël Sternheimer offrent des voies de réponse à beaucoup de maux de notre époque.
Nous avons réalisé avec Pedro une expérience à Paris où l'air est très pollué, raconte Joël Sternheimer.
Nous avons placé des algues microscopiques dans un petit bac avec de l'eau.Pendant dix jours, dix minutes par jour,
nous leur avons passé une musique stimulant plusieurs protéines de photosynthèse, le processus par lequel les algues fixent le CO2 de l'air, puis gardent le carbone pour se développer et rejettent de l'oxygène.
En quelques jours, nous avons vu des bulles d'oxygène.
Il y a eu un dégagement d'oxygène seize fois supérieur chez les algues qui avaient reçu la musique par rapport aux algues témoins.
Cela ouvre des perspectives pour lutter contre la pollution de l'air en stimulant la photosynthèse des plantes qui poussent dans les villes.
Les travaux et découvertes révolutionnaires de Joël Sternheimer offrent un champ d'application énorme, notamment dans les pays en voie de développement.
Elles permettraient notamment, tout en respectant l'objet d'étude, d'accroître les potentiels de certaines cultures sans pour cela jouer aux apprentis sorciers en modifiant génétiquement les plantes. Une démarche éthique et respecteuse de la nature qui mérite d'être chaudement encouragée.
À lire- Procédé de régulation épigénétique de la biosynthèse des protéines par résonance d'échelle, Joël Sternheimer, Brevet français n° 92-06765 de 1992.- Procédé de régulation épigénétique de la synthèse protéique: essai en panification, Pedro Ferrandiz, article de la revue Industries des céréales, n° 85, nov-déc 1993.- De la musique et des plantes, Pedro Ferrandiz, article de la revue La garance voyageuse, n° 37, Printemps 97. Rens.: 04 66 45 94 10.- Les langages secrets de la nature, Jean-Marie Pelt, éd. Fayard.- Planète transgénique, Jean-Claude Perez, éd. L'Espace bleu, avril 97.Cet article a été écrit à partir des deux articles d'Eric Bony dans "Science Frontières" et des déclarations de Joël Sternheimer au Festival Science Frontières 1997.
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